Stalingrad les détachements disciplinaires de la wehrmacht

les détachements disciplinaires :

L’ordre de l’Armée qui concernait les détachements disciplinaires disait notamment: »La peine s’accomplira immédiatement et en première ligne. Elle consistera dans l’éxécution de travaux les plus durs et les plus dan,gereux: déminage, enterrement des cadavres, construction des chaussées de rondins dans les marais. Ces travaux seront poursuivis même sous le feu de l’artillerie ou pendant l’action de l’ennemi … »

L’instruction précisait:
La solde ne sera payée qu’en partie. Afin de réduire les chances de désertion, tous, écussons, épaulettes et insignes de toutes sortes seront retirés des uniformes. Le cantonnement sera moins confortable que celui des autres troupes. La correspondance sera ouverte. Les colis ne seront pas distribués mais versés à l’unité. Les contacts avec l’éxterieur seront interdit avec les militaires comme avec les civils, sauf pour le service.Aucun moyen d’éclairage ne sera jamais fourni. Dans certains cas particuliers, des atténuations pourront être accordées par le chef de détachement. »



Ceci est un récit, nommé Stalingrad edité en 1947, que je viens dacheter une bouchée de pain. L’auteur à vécu cette épopée et raconteCitation:

Et il y avait Gnotke.

C’était un jour gris de novembre et Gnotke avait une bêche à la main. Il venait en compagnie d’Aslang, hubbe Dinger et
Gimpf d’achever de creuser une fosse de huit mètres de long sur deux de large et un mètre et demi de profondeur.
Le sergent Gnotke, le sergent Aslang, les caporaux Hubbe et Dinger et le soldat gimpf ne se distinguaient en rien les uns
des autres. ils ne portaient ni épaulettes, ni insignes. Leurs mains, leurs visages, leurs uniformes semblaient avoir été autrefois des mains, des visages, des uniformes. Le dernier coup de pelle étaient donné.
Après avoir planté leurs pelles dans le tas de terre remuée Hubbe et Dinger, Gnotke et Gimpf deux par deux se chargèrent des civières. leurs mouvements étaient lents mais s’enchainaient sans négligence, sans heurt. Ils s’éloignèrent et disparurent dans le brouillard.

C’était dans le secteur de la 376 Division d’infanterie à l’est de Kleskaia dans la boucle que forme le don entre Kletskaia et Vertiatchi. A l’ouest le Don charriait déja les premieres plaques grises des glaces de l’hiver. A deux jours de marche vers l’est, le Don décrivait une nouvelle boucle. Au dela à deux jours de marche encore il y avait la volga avec Stalingrad.On se trouvait donc ici sur le flanc nord du front adfossé à la boucle du Don.
devant, dérrière, en l’air, sous les pieds même, le front.

Il y avait 10 mois deja que Gnotke appartenait au détachement. Sur l’origine et la composition de ces unités, voici ce que
disait un ordre du jour de l’armée : » c’est un fait que la gerre corrompt les soldas et que la conséquence inévitable de
toute action est un relachement de la discipline. Plus cette action est longue plus les épreuves sont dures et plus ce
relachement sera sensible. »
Et c’tait en effet la campagne d’hiver et la marche sur Moscou qui avait « corrompu » Gnotke. Un refus d’obeissance devant

la troupe l’avait amené ici.
Le cas du soldat Mathias Gimpf était aussi une conséquence inévitable de la derniere campagne d’hiver. Gimpf se trouvait alors dans les tranchées derieres la steppe gelée. un jour ou le froid fesait fendre les arbres ou le vent soufflait aux visages la poudre de neige très fine, il y avait eu une visite du colonel aux positions avancées du régiment. Sa mince capote sur le dos ses bottes déchirées aux pieds, Gimpf comme tous les autres avait gardé ses mains dans les poches, au passage du colonel. Interpellé par con chef, il s’était contenté de répondre par une sorte de sourir distrait, absent, toujours dans sortir les mains des poches, sans m^me faire mine de joindre les talons. L’adjoint du chef l’avait fait remarquer ensuite aux hommes : Gimpf avait ainsi donné un exemple trappant de la démoralisation contre laquelle on avait mis la troupe en gardee. On pouvrait même dire qu’il en était un exemple vivant.
Et il devait payer pour cela.
Le sergent Aslang lui était arrivé au détachement depuis peu.
De m^me les caporaux Hubbe et Dinger qui venaient d’arriver de Graudenz avec un transport de renforts. Avant d’être affectés ici Gnotke et Gimpf avaient été rattachés à la 4 armée blindée. C’était avec elle qu’ils avaient avancé dans les steppes de Koursk.
Plus d’une fois, Gnotke et Gimpf avaient été couchés au sol par le souffle des explosions. Plus d’une fois, leurs os avaient été secoués dans leur chair, leur peau arrachée. Il leur était arrivé aussi d’essuyer leurs visages des éclaboussures de chair et des entrailles de leurs voisins, homme et femmes. Mais eux s’en étaient toujours tirés. Mais c’était d’un autre temps; la fosse commencée par des femmes et des viellards russes, puis élargie par les cinq fossoyeurs devait servir de fosse commune aux morts de ces dernières semaines n’ayant pu être enterrées que provisoirement.

Il avait été prévu tout d’abord qu’on les déterrait aujourd’hui pour les rassembler dans la fosse qui devait être un de ces monuments laissés dérrière elle par la marche hitlérienne vers l’est. Mais deux jours avant la date fixée pour la cérémonie, une attaque lancée par vingt-huit chars et un bataillon d’infanterie contre les positions russes avait été repoussée. Cela avait modifié les plans de l’officier fossoyeur. Aux morts vieux de quelques semaines, il fallait maintenant ajouter les pertees du détachement blindé du bataillon de choc. La fosse aurait peine à tout contenir. Et il semblait que l’ont prépara un enterrement solennel; il y aurait une « tombe de soldats inconnus », comme il y en avait deja eu d’autres; mais les morts dépouillés de leurs insignes et de leurs décorations étaient les uniques « témoins » de leurs propres funérailles, les officiers fossoyeurs allant ailleurs continuer leur travail. Cela ne ferait un tombeau inconnu de plus parmi tant d’autres.

Pour les linceul, toiles de tente et couvertures réglementaires, comment autait-il été question de les réserver aux morts quand, à la mi-novembre, l’armée avait déjà dérrière elle une période de gel et que les équipements d’hiver qui ne lui avait été fournis qu’en partie, fesaient compltement default à certaines unitées. Le linceul n’était indispensable que lorsqu’il y avait des debris humains à ramasser, et encore seulement pour les transporter jusqu’a la fosse. C’était toujours la même toile de tente sanglante qui servait. La nuit les fossoyeurs qui n’avait rien, l’étendaient sur le sol pour dormir.

Hubbe et Dinger revinrent au trou. Chacun d’un côté, ils posèrent la civière, puis la renversèrent. C’était un des déterrés, momifié
dans sa couverture et sa boue gelée. Sans s’attarder, Hubbe et Dinger reprirent la civière puis la renverserent; la charge en tombant fit un bruit sourd. Quand c’était un mort récent un conducteur de char, un grenadier de la derniere attaque les fosoyeurs déposaient aux pieds du sergeant la moitié de sa plaque d’identité, son ceinturon, son baudrier et se qu’il avait dans ses poches. Silencieux Aslang restait à la même place, comme un piquet. A chaque apparition de Hubbe et Dinger ou de Gnotke et Gimpf, il fesait un trait sur une feuille de papier. puis il barrait les noms quatre par quatre d’une trait en diagonale.Les hommes ne se parlaient pas, même ici dans le brouillard ou il échappaient pourtant à toute surveillance. Ce n’était pas pour obéir à la consigne, mais parce qu’ils avaient peu à peu, dans la trou ou il passaient leurs nuits, perdu l’habitude de la parole l’habitude de la challeur aussi et celle de la lumière. Gnotke et Gimpf faisaient leur troisième ou quatrième trafic quand un obus éclata non loin d’eux. Des éclats sifflèrent dans l’air. Des mottes de terre retombèrent sourdement. le souffle les atteignit à peine. Mais la fumée épaisse de l’explosion frôla leurs têtes de son haleine chaude avant de se dissoudre dans le broullard blanc.ILs ne s’emblèrent rien remarquer. L’un dérrière l’autre, ils continuèrent, se débarrassant de leur charge, reportant, revenant. La fosse atendait d’eux seize mètre cube de chair d’homme écrasée. Et elle était parfois tellement écrasée qu’ils étaient loin de ne transporter que des morts entiers; à l’emplacement du P.C. du bataillon, par exemple, il leur fallait aller cueilir dans les buissons gelés les débris humains. Il était arrivé une fois à Gnotke de se voir octroyer  » les faveurs extraordinaires que peut accorder le chef de détachement ». Plusieurs jours de suite, il avait pu ainsi éviter le transport. Comme Aslang aujourd’hui. Ilé tait alors resté du matin jusqu’au soir sur le bord de la fosse, à la regarder s’emplir lentement de formes terreuses, de visages informes, aux yeux interrogeant le vide, de jambes et de bras détachés, de corp mutilés, de morceaux de chair méconnaissables.
« Mon sepp chéri » –« Mon cher pauvre Karl » —  » Mon petit trésor  » —  » Moin cher fils » — « Cher frère  » — « Mon bien-aimé »
voila ce qu’on lisait dans les lettres qu’il remettait le soir à l’officier fossoyeur, avec les milles autres riens trouvés dans les poches. « Mon cher mari » —  » Mon papa cheri », ces voix de si loin venues n’étaient plus capables de toucher Gnotke. Il savait bien à qui elles avaient été adressées. Les premiers morts, en septembre, alors que le soleil brillait et que la terre était sèche, étaient restés sur la steppe comme du bois mort et avait été ramassés comme du bois mort. Puis u temps était passé et les nouveaux cadavres étaient restés longtemps couchés pleins de sève, plus lourds. Et plus tard encore, après les froids de vingt-cinq à trente degrés, ils devaient devenir encore plus lourds, durs comme des pierres sur les civières, et toujours plus difficiles à transporter, gelés dans des attitudes divers : assis ou en forme de croix de Saint André; et cela leur faisait prendre dans la fosse beaucoup plus de place qu’il n’aurait fallu.


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