Sergeant William True, F/506 : « The cow spoke French »
C’est mon 17ème voyage en C_47. Mais cette fois ci, le silence est vraiment flippant dans la cabine. Aucune plaisanterie, déconnade ou chants comme c’était le cas à l’entrainement ou lors des manoeuvres. Cette fois, ON PART À LA GUERRE!. Dude Stone est inhabituellement silencieux, tout comme Gus Patrono et les autres rigolos qui étaient toujours les premiers à balancer des vannes et des grosses blagues sur les joies du parachutisme. Et personnellement, je n’ai aucune envie de chanter, comme c’est désormais mon rôle au sein de mon platoon.
Le rythme monotone des moteurs est le seul bruit que l’on entende, à part peut-être le cliquement nerveux d’un briquet qu’un trooper énervé essaie d’allumer. J’entends pourtant un léger murmure alors que les minutes deviennent une heure, puis deux. On dirait que des gars prient. Cela fait longtemps… mais peut-être que je pourrais réciter la prière que j’avais apprise enfant, à la Christian Science Church. Dans un souffle, je commence doucement : « Il n’est ni vie, ni vérité, ni compréhension des choses, tout est esprit infini et ses manifestations infinies…. »
Soudain, une grosse explosion, et une énorme lumière orangée et rougeâtre apparait juste devant la porte de notre appareil. Des balles traçantes zèbrent le ciel, très près de nous, et notre C-47plonge pour tenter de les éviter. Les décrochages brutaux et et les secousses de notre avion nous forcent à nous accrocher à nos sièges en métal. Et la question de savoir qui prie ne se pose plis ; Plus d’un trooper récite à voix haute : « Sainte Marie, mère de Dieu…. »
La lumière provoquée par les explosions des obus allemands et par mes traceuses est constante à présent, et j’ai la certitude que la queue de notre appareil est en feu. Les shrapnels qui frappent le fuselage font un bruits silmolaire à des graviers jetés sur un toit en tôle. Mes pensées ne sont pluys qu’une boule de terreur. Mais une idée semble prédominer : « Ces gens au sol essaient de me TUER! Moi! Bill True! Et la possibilité qu’ils puissent y parvenir devient réelle.
La lumière rouge au desss de la cabine finalement s’allume et le Captain Mulvey hurle : « Stand up and hook up! » Je me dis : « Oh oui, please! plus vite! plus vite! ». De chaque côté de la carlingue, on essaie de se mettre debout et on se met en ordre de saut comme des cartes que l’on mélange. On accroche nos static line au câble d’acier qui court au centre de la carlingue, puis on vérifie l’équipement de l’homme devant nous, lui donnant un Okay avec une tape dans le dos. « Le « Sound off for equipment check » est bâclé. et chaque seconde nous parait une éternité dans cette avion qui secoue, nous ballote de droite et de gauche. on s’accroche désespérément à la static line pour éviter de tomber. Finalement, la lumière verte s’allume et le capitaine saute en criant « Go ». malgré le poids excessif de notre équipement, notre entrainement à sortir vite, associé à notre trouille, a pour résultat une sortie ultra rapide.
En sortant de l’appareil, je vois que les explosions et les balles traçantes remplissent totalement le ciel. L’ouverture de mon parachute est plus violente que d’habitude, mais je m’y attendais compte tenu du poids de notre équipement. J’aperçois un feu au sol et je pense d’abord que c’est un signal mis par les pathfinders pour marquer un point de rassemblement. Ce n’est pas le cas. Je touche le sol tyrès rapidement et je me dis que nous avons dû sauter à très basse altitude, et probablement très loin de notre DZ.
il y a un un fort clair de lune. il est 1 heure 20 et je suis au milieu d’un champs près d’une grosse vache normande avec d’immenses yeux. Un beau signe de bienvenue, vraiment. Je lui murmure quelques mots tout en me débattant avec mon harnais, mais elle ne me répond pas. Je jette un oeil vers le ciel et tous ces croisements de balles traçantes qui suivent les avions d’où continuent de sauter des paratroopers.
Je suis en Normandie, et en guerre. »